Le mardi 29 janvier s’est tenue à Louvain-la-Neuve la journée pastorale annuelle pour tous les diocèses francophones de Belgique. L’invité principal, Christoph Theobald, jésuite et professeur au Centre Sèvres à Paris, nous a parlé de l’Église comme minorité signifiante. Il nous a invités à faire un déplacement de l’Église-minorité à l’Église en diaspora. L’enjeu, disait-il, est de se garder de devenir un ghetto de bien-pensants, mais d’être, au contraire, une diaspora signifiante. Il nous a appelés à œuvrer au changement là où les chrétiens peuvent avoir perdu de la signifiance, notamment en rejoignant la vie quotidienne des gens. Il a insisté sur une mission de l’Église qui s’appuie sur la « foi élémentaire en la vie » présente chez les personnes. C’est à partir de cette foi que celles-ci peuvent faire un pas vers une foi en Christ. Il s’agit donc de multiplier « les surfaces de contact » avec nos contemporains et d’adopter délibérément une culture de dialogue.
Le professeur Henri Derroitte a montré dans son intervention que le fait, pour l’Église, d’être minoritaire ne l’a jamais empêchée d’être missionnaire et que là où elle est minoritaire, elle est souvent loin d’être insignifiante (pensons à l’Église d’Algérie et le témoignage prégnant des moines de Tibhirine). Il a repris les paroles du pape François disant que nous vivons non pas dans l’époque des changements, mais dans un changement d’époque, ce qui nécessite une vraie conversion pastorale, notamment en catéchèse.
Ensuite, trois témoignages de terrain ont décliné de différentes manières cet enjeu de la signifiance.
Éric de Beukelaer a parlé du travail accompli dans le diocèse de Liège en ce qui concerne l’avenir des bâtiments religieux : une recherche active de projets permettant aux églises de remplir leur première fonction : rester ouvertes et servir à tous, pas seulement aux chrétiens, comme lieu de repère. Il s’est appuyé sur le directoire diocésain « Objectif 2020 » qui guide ses recherches à Liège.
Éric Mattheeuws a partagé quelques expériences d’initiatives pastorales hors du commun qui, dans sa paroisse, ont rejoint les personnes que l’on rencontre rarement à la messe le dimanche : un atelier « silence » dans le cadre d’une formation de chefs scouts, un dîner de Noël le 24 décembre avec pour objectif « que personne ne soit seul en cette soirée », une flashmob « Douce nuit » au milieu du centre commercial à Louvain-la-Neuve, trois minutes de recueillement au début de la messe dominicale pour permettre à chacun « d’atterrir »…
Enfin, Alix Tumba du diocèse de Tournai nous a partagé la démarche du synode des familles vécu récemment, dont les interlocuteurs principaux étaient les familles des enfants en catéchèse. Elle a témoigné de l’option prise résolument de se mettre à l’écoute, de partir des attentes des personnes et de se laisser bousculer parce qu’elles peuvent nous dire sur le « couple » Église-familles qui a attend aujourd’hui un lifting, nous disait-elle.
En fin de journée, Christophe Theobald nous a partagé ses convictions quant à la figure de l’Église en 2030. Il nous a exhortés à la vertu de l’espérance, telle qu’Abraham l’a expérimentée, là où toutes les espérances humaines défaillent. Gratuité, présence, Galilée d’aujourd’hui, intérêt pour nos contemporains, égale dignité des baptisés, ministères ordonnés au service du passage de communautés qui se reproduisent vers des communautés missionnaires, l’univers des sacrements à repenser… Autant de pistes d’ouverture qui ne peuvent que nous mettre en route !
Les interventions des orateurs seront bientôt publiées dans des actes de la journée.