Retour sur l’enseignement de Mgr Hudsyn- Les GR de la foi – le CREDO

Pour ceux qui ne sont pas marcheurs, GR est le sigle des sentiers de Grande Randonnée, itinéraires balisés de randonnée pédestre, dont le marquage rouge et blanc guide le randonneur. Beaucoup de ces sentiers bénéficient d’un topoguide, petit livret contenant cartes et indications permettant au marcheur de ne pas s’égarer. Cette année, Mgr Hudsyn a baptisé l’enseignement qu’il voulait nous donner « Les GR de la foi ». Sa santé l’empêchant de le faire lui-même, il a confié ses notes au diacre Luc Tielemans, responsable de la catéchèse, et lui a demandé de nous partager ses réflexions lors de deux soirées. Je ne me risquerai pas à faire un résumé exhaustif de cet enseignement dense, riche, éclairant, invitant à aller plus loin dans la réflexion et me limiterai à évoquer les GR dont ils sont le thème. Luc Tielemans (et donc Mgr Hudsyn) commence par nous parler des topoguides, que nous connaissons bien, mais peut-être imparfaitement : les deux textes du credo. Le Symbole des Apôtres et le Symbole de Nicée-Constantinople. Notre orateur nous en retrace l’histoire, en commençant par le Didakhè, rédigé entre 50 et 80 apr J-C. Avant de partir en mission, les apôtres se sont mis d’accord pour dire tous la même chose. C’est ce que reprend ce texte. Ensuite, environ en 150 apr J-C vient le Symbole des Apôtres, qui aurait été rédigé à partir de ce que chacun des douze a apporté, ce à quoi chacun d’eux croyait. On arrive ainsi à douze affirmations… Vient ensuite le credo de Nicée-Constantinople (325 et 381 apr J-C) qui, il faut le souligner, est commun aux trois grandes confessions chrétiennes : le catholicisme, l’orthodoxie et le protestantisme. Tous nous professons la même foi, avec les mêmes mots, c’est son axe horizontal, et nous les récitons comme les ont récités tous ceux qui sont venus avant nous, c’est son axe vertical.

Le 1er GR, c’est Je crois en Dieu le Père. C’est au temps de l’exil que les prophètes utilisent le terme de Père. En utilisant le mot Abba, Jésus évoque le lien très personnel qu’il a avec le Père. Un Père qui a des traits maternels… Nous ne croyons pas en un Dieu tout puissant, mais en un Père tout puissant, dont l’amour ne contraint jamais. Il respecte notre liberté. Mais devant le mal et le malheur, il enverra toujours son Esprit.

Le GR 2: Créateur du ciel et de la terre. La Création n’est pas quelque chose d’achevé. Dieu a souhaité que l’homme soit co-créateur. Le 7ème jour, Dieu prend du recul, s’émerveille, porte un regard aimant. Il se retire de l’univers et le laisse être.

Le GR 3 : Je crois en Jésus Christ. Là, le Symbole de Nicée apporte un nouvel élément par rapport au Symbole des Apôtres : on dit que le Christ est de même nature que le Père, qu’il est consubstantiel au Père. Par le Fils, on accède au Père. « Qui me voit, voir le Père ».

Le GR 4 : Eh non, il n’a pas été mentionné… Un thème pour une prochaine conférence ?

Le GR 5 : Il souffrit sa passion. On ne s’attarde pas sur la vie de Jésus. Il a pris chair, a été crucifié, est mort, est ressuscité. C’est le cœur de notre foi, cela définit qui est Jésus. Les paroles qu’il prononce sur la croix relèvent tout ce qu’il a dit au cours de sa vie :

– Il ne pense pas à lui, mais aux autres (les larrons, Marie et Jean)

– « J’ai soif » (soif d’amour…)

– « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ». Il crie sa détresse. Puis il se souvient de l’amour de son Père.

– « Père, en tes mains je remets mon esprit ». Tout est accompli. C’est dans cet abandon, cette confiance, qu’il lâche prise. « Jamais je ne t’abandonnerai », nous dit le Père. Le GR 6 : Il viendra juger les vivants et les morts. La connotation de jugement nous semble incompatible avec un Dieu miséricordieux et bienveillant. Mais juger n’est pas condamner. Juger,c’est poser un diagnostic. Dieu n’enferme pas l’homme dans sa faute. Il va nous encourager à nous relever, à nous relancer. Il redonne la vie. C’est un jugement d’amour.

Le GR 7 : Il est descendu aux enfers. Ceci se place dans la vision juive à 3 étages. Sous terre vivent ceux qui sont morts. Ressuscité, Jésus est allé les rejoindre dans les enfers et leur ouvre la porte du ciel. Il vient rejoindre toute l’humanité au plus bas, au plus profond des enfers. Il vient libérer tout ce qui est mort en nous. Dien n’abandonne personne sur le bord du chemin. Les enfers, ce n’est pas l’enfer, qui est enfermement. L’enfer, nous nous y rendons tout seuls, et Dieu respecte l’homme qu’il a créé libre. Mais il croit que, tôt ou tard, tout homme se tournera vers l’amour.

Le GR 8 : Je crois au Saint Esprit. L’Esprit Saint nous engendre à la vie. Il est réconfortant, inspirant, poussant au témoignage. Il fait de nous des chrétiens vivants, féconds, qui sèment la vie. L’Esprit Saint est la relation d’amour entre le Père et le Fils. C’est un peu le côté féminin de Dieu. Il nous fait percevoir la réalité de l’amour de Dieu. Avec le Père et le Fils il forme les trois Personnes de la Trinité, Dieu unique. Le mot « personne » est important. Dieu est quelqu’un, une personne. Il est amour, il m’aime, m’invite à l’aimer en aimant les autres.

Le GR 9 : La résurrection des morts et de la chair. Le projet de Dieu, c’est la vie. Dans les évangiles, le mot utilisé pour « résurrection » est « réveillé », « relevé », référence à la puissance qui est capable de relever. La résurrection de la chair est la résurrection de notre être fragile, la résurrection des personnes. On ne parle pas de la résurrection des corps…

Le GR 10 : Je crois en la vie éternelle. L’éternité en Dieu n’est pas à comptabiliser en nombre de jours. Dans son encyclique Spe Salvi, Benoît XVI relevait que, pour de nombreuses personnes, continuer à vivre éternellement apparaît plus comme une condamnation que comme un don. L’éternité est une immersion dans l’océan de l’amour infini. « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera « (Jn 16, 22).

Le GR 11 : Je crois en l’Eglise, sainte, catholique et apostolique. A l’origine, le terme Ecclésia désignait une assemblée de citoyens convoqués par un appel, un endroit où on se rend sur invitation. Une, sainte, catholique et apostolique évoque la vocation de l’Eglise, sa visée, son idéal, son appel. Faire Eglise, c’est répondre à un appel de Dieu, c’est une mission reçue, un lien particulier. Quand l’Eglise tend à être sainte, elle est appelée à être comme le Christ. « Catholique » fait référence à l’universalité dans la diversité. Et « apostolique » indique qu’elle est dans la ligne des Ecritures. Conclusion : Le Credo est un héritage vivant et dynamique, un guide d’apprentissage, une profession publique de foi, un héritage spirituel. Acte de louange, il s’inscrit dans la vie spirituelle des chrétiens. Il est l’occasion de renouveler notre engagement dans la foi, il renforce l’engagement de ceux qui le récitent. Il est un moyen de recentrer sa vie sur le Christ. Dit en communauté, il redit l’unité des chrétiens. Plus qu’un texte, il est une prière vivante qui nourrit, un appel à approfondir notre relation personnelle avec Dieu.

Article réalisé par Bernard Damiens, sur base de l’enseignement de Mgr Hudsyn, donné par Luc Tielemans à Grez en février 2025

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